Entre phalangine et phalangette

 

 

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   Le Chibani

Il avance bien péniblement,

Le dos voûté et le pas lent,

Ses pieds nus à la corne endurcie

Traînent une misère sans merci.

 

De sa main décharnée

Et la tête penchée

Il demande l'aumône

Et la pitié des hommes.

 

     Il invoque Moulana

N'ayant rien ici bas

Qu'une pomme, qu'une poire

Que son eau pour boire.

 

Gandoura élimée,

Rouge et blanche chéchia

Cruche empoussiérée

Il donne, ne reçoit pas.

 

Dans les rues du quartier

Tout le monde le connaît

Ce nouveau Melchior

Fait partie du décor.

 

A l'ombre des arcades

Un vieil arabe nomade

Un pauvre homme démuni :

"Ahmed le Chibani"

 

  Marie et Francis Lopez - mars 2002

 Le chibani : le vieux, en arabe

     Moulana : la Vierge Marie 

  

 

 

 

 

Les déracinés

  Vois-tu du bateau sous le soleil brûlant

 

Une ville étincelante, toute vêtue de blanc.

 

Près du ciel, la Madone sur la baie se penchait,

 

D'une infinie bonté sur nos âmes veillait.

 

 

 

Et ces orangers qui ployaient, orgueilleux,

 

Sous le poids de leurs fruits délicieux.

 

Et ces immensités de champs de blé prospères,

 

Sur une terre féconde léguée par nos pères.

 

 

 

Vois-tu ce joli village niché dans la vallée,

 

Son église, ses cigognes au sommet du clocher.

 

Cette petite maison près d'une fontaine qui chante,

 

Remplie de voix d'enfants, de joies innocentes.

 

 

 

Sous la voûte céleste s'étend la grande bleue,

 

Ses couchers de soleil faits pour les amoureux,

 

Ses majestueuses falaises, ses rivages enchanteurs,

 

Ses plages de sable d'or, magie du Créateur.

 

 

 

Vois-tu ces gens heureux

 

A l'accent chaleureux.

 

Toutes les communautés

 

Se côtoyaient en toute simplicité.

 

 

 

Vois-tu dans la tourmente ce bateau ivre,

 

Emportant dans ses flancs ces corps qui vont survivre.

 

Entends-tu étranger ?

 

C'est l'ultime plainte des déracinés.

 

 

 

Marie Garcia Lopez - avril 2001

 

 

 

 

 

 

 

Un si beau coin de France

 

 

C’était un coin de terre inondée de lumière,

De bleu immaculé et de vertes prairies claires,

De chaleur étouffante et de sèche poussière,

De terre craquelée et de vent du désert,

D’oueds aux eaux limpides entourés de clairières,

De montagnes cuivrées et d’étoiles sans frontière.

 

 

Sur cette terre brûlée par un impitoyable soleil,

L’hiver passait discret sans qu’on le réveille.

Et l’été, en vainqueur, s’installait aussitôt,

La fraîcheur se cachait derrière les volets clos.

 

 

Sur le carrelage frais, les enfants s’ébattaient

Et l’odeur du kawa parfumait le quartier.

Le soir, à la veillée, les cafés résonnaient

Des rires insouciants et l’anisette, à flot, coulait.

 

 

À force de persévérance et de labeur acharné,

Ces hommes venus d’ailleurs étaient fiers de bâtir,

Un passé, un présent et l’espoir d’un avenir

Qui ne vit jamais le jour. Un rêve inachevé.

 

 

Que nous soyons d’Oran, de Constantine ou d’Alger,

Nous avons en commun cette terre tant aimée.

Et nous allons, nostalgiques,
dans l’indifférence et l’oubli,

Nouveaux Juifs Errants, bannis de notre pays.

 

 

 

Marie Garcia Lopez - octobre 2003

  

 

 

 

 

 

 

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J'ai longtemps hésité, le cœur n'y était pas

 

Le chemin de la vie a coupé mon élan

 

Le soleil au lointain ne brillera pas.

 

Le souvenir reste, la vie va de son pas nonchalant.

 

 

De la vie de mon village il n'en reste rien

 

L'exode m'a tout pris dans mon cœur déchiré

 

Je n'ai vu les étoiles que trente sept ans après

 

Du désert couleur sable le souvenir revient.

 

 

De ma tendre enfance, à mon adolescence je me suis souvenu

 

Sans haine, sans rogne, sans gloire, avec simplicité

 

Pour que tous les miens après avoir lu

 

Au fil des pages comprennent ces rêves inachevés.

 

 

A toi mon frère, à vous mes sœurs je vous ai tous nommé

 

Vous étiez tout pour moi dans cette enfance pourrie

 

J'avais besoin de vous comme de l'air qu'on respire

 

Petit oiseau sans nid qui voulait être aimé.

 

 

Le bel été s'est fané comme mes jeunes années

 

Que de rêves engloutis ne reviendront jamais !

 

De tout mon être vibrant de cette fièvre d'aimer

 

L'espoir est toujours là, ne m'a jamais quitté.

 

 

L'amour s'en est allé par des chemins tordus

 

Les illusions, mon âme, s'envolent en fumée

 

J'écris ces quelques lignes dans un tohu-bohu

 

Ce n'est sûrement pas un beau conte de fée.

 

 

M.G. septembre 2000

 

 

 

 

 

 

 

Odeurs d'Algérie

 

 Le firmament de mille étoiles paré

 

Se mélange à l’odeur de terre brûlée.

 

Les averses, timides, se sont évaporées,

 

L’astre lumineux ne fait pas de quartier.

 

 

Des montagnes rocheuses, le chacal affamé,

 

Hurle au clair de lune sur ses rêves envolés.

 

Un parfum sauvage enveloppe la vallée

 

Comme dans les savanes de l’Afrique éloignée.

 

 

Le crépuscule délicatement se pend

 

Sur les monts et les plaines, répand son encens.

 

Le jasmin enivrant étourdit les cœurs

 

A la recherche sans cesse de l’âme sœur.

 

 

Sur les places des marchés aux couleurs bigarrées

 

Les épices à l’étal parfument le ciel poudré,

 

Le poivre rouge, le cumin, la cannelle,

 

Paradent en vedettes avec la douceur du miel.

 

 

Un odorant thé à la menthe sucré

 

Dégage un agréable arôme savoureux

 

Qui monte, capiteux, dans l’air parfumé

 

Et régale le palais d’un goût délicieux.

 

 

Notre chère Méditerranée

 

Est une dame très capricieuse,

 

Elle est si belle, calme ou furieuse

 

Son air salin nous caresse, nous fait rêver.

 

 

Adieu fière et belle Algérie

 

Doux souvenirs, notre regretté pays.

 

Toutes tes senteurs ont exalté

 

Et marqué notre vie à jamais.

 

 

M.G. avril 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Africains

 

 

Nous étions au fond de l'Afrique,

Gardiens jaloux de nos couleurs,

Quand sous un soleil magnifique,

Retentissait ce cri vainqueur.

En avant ! (ter)

 

C'est nous les Africains,

Qui arrivons de loin,

Venant de nos pays,

Pour sauver la Patrie.

Nous avons tout quitté,

Parents, gourbis, foyers,

Et gardons au cœur,

Une invincible ardeur.

Car nous voulons porter haut et fier

Le beau drapeau de notre France entière

Et si quelqu'un voulait nous séparer

Nous saurions mourir jusqu'au dernier.

Battez tambours

A nos amours,

Pour le Pays,

Pour la Patrie,

Mourir au loin.

C'est nous les Africains.

 

Pour le salut de notre empire,

Nous combattrons tous les vautours,

La faim, la mort nous font sourire,

Quand nous luttons pour nos amours.

En avant ! (ter)

 

     De tous les horizons de France,

Groupés sur le sol africain,

Nous venons pour la délivrance,

Qui par nous se fera demain.

En avant ! (ter)

 

Et lorsque finira la guerre,

Nous reviendrons dans nos gourbis,

Le cœur joyeux et l'âme fière,

D'avoir libéré le pays.

En avant ! (ter)

 

Sergent Bondifala et tirailleur Mazinot - 1915

Musique originale du Capitaine Félix Boyer - 1943